UN BINOME : Sibylle et Sabrina

J’ai rencontré Sabrina en marchant dans le camp d’Auschwitz lors du voyage organisé par Langage de Femmes. Toutes deux, le coeur lourd des âmes des morts qui nous entouraient, nous cheminions en silence.
Nous n’étions pas là pour la même raison… Sabrina, toute jeune fille encore mineure, venait découvrir une réalité niée dans son voisinage proche…
Moi, femme d’expérience, ancienne Directrice Financière du Mémorial de la Shoah, j’avais été des premiers voyages à Auschwitz, et j’étais rompue aux récits des anciens déportés…
Je venais pour faire des rencontres et je me suis approchée du groupe de jeunes filles pour leur apporter des explications. Sabrina m’interpela sur le sens du mot  « Shoah »,  qui signifie catastrophe. Elle m’apprit que cela ressemblait au mot arabe « chouha », au sens très proche.
Et voilà que les rôles s’inversaient, et le maître devenait l’élève…
C’est tout le sens des rencontres permises par Langage de Femmes… Nous nous voyons régulièrement depuis. Sabrina est bouleversée par ses découvertes, et bouleversante.
Quand elle retourne dans son quartier, elle fait front courageusement face aux préjugés antisémites et négationnistes. Elle découvre dans l’association, la tolérance, et l’acceptation de la différence.
Elle a depuis fêté ses 18 ans à la maison, et elle est devenue en quelque sorte ma filleule, et cet échange nous enrichit toutes les deux.